Freud n'est jamais allé en Israël ou, plus exactement, en Palestine mandataire. Pourtant, sa personnalité et son œuvre ont profondément marqué la vie sociale et culturelle des premières communautés juives laïques qui trouvèrent refuge dans la terre ancestrale.
Adulé par les uns, détesté par les autres, le maître viennois ne cessa de déconcerter les militants pour la création d'un État juif. Sans avoir été engagé dans le mouvement sioniste, assimilationniste convaincu, par son attachement manifeste à sa judéité, par son souci de lutter contre l'antisémitisme et par sa participation à la fondation de l'Université hébraïque de Jérusalem, en 1925, Freud n'en demeure pas moins l'un des plus éminents soutiens pour la défense de son peuple. Éleve au rang de « colosse intellectuel » par ses coreligionnaires fiers de son génie, il reste jusqu'à aujourd'hui une figure de proue de la pensée judaïque moderne inspirée des Lumières.
S'appuyant sur des archives inédites et sur une riche documentation — articles de presse, correspondances, entretiens, témoignages… —, Guido Liebermann décrypte et analyse avec brio le rayonnement considérable que le père de la psychanalyse exerça avant 1948, et continue d'exercer depuis lors en Israël.