On a souvent tenté de présenter l'accouchement comme un événement non violent, inaugurant à l'évidence un bonheur sans nuages. Mais la naissance d'un enfant n'est-elle pas aussi, pour la mère, un brutal arrachement, une perte de corps et d'identité ?
Au cœur de l'expérience maternelle, Michèle Benhaïm décèle la présence d'un sombre noyau, communément dénié. Une angoisse de mort et, paradoxalement, un insoutenable fantasme de meurtre, surgissent chez la femme qui vient de donner la vie. Qu'elle se montre trop aimante ou possessive, absente ou « mauvaise », dès lors, la voici confrontée à l'impensable, à l'inavouable, et son attitude en portera toujours la trace.
S'appuyant sur nombre de cas, Michèle Benhaïm éclaire non seulement les multiples aspects pathologiques de la maternité — dépression postnatale, déni de grossesse, maltraitance pouvant aller jusqu'à l'infanticide... — mais également l'inquiétude propre à toute mère. Pour soulager la femme du poids qui l'oppresse et bien vivre la maternité, il convient, nous dit-elle, d'en finir une bonne fois avec l'image convenue de la mère parfaite, en donnant toute sa dimension à la terrible ambivalence maternelle.