« C’est moi et c’est pas moi », telle est la double affirmation maintes fois exprimée par certains criminels lors d’entretiens thérapeutiques menés par Odile Verschoot en milieu carcéral, et qui relève du mécanisme de déni.
Un pédophile, un meurtrier, un violeur… reviennent librement sur leur vie, les motifs de leur incarcération, leur procès et leur condamnation, et, par la délicate instauration de la confiance établie grâce au dialogue, tentent d’en dégager le sens. Au cours d’un lent cheminement s’accomplit alors tout un travail pour se reconnaître, reconnaître l’autre en victime et accepter la peine. Défense inconsciente, produit d’une histoire psychique, le déni — qui n’est ni mauvaise foi, ni refoulement, ni esquive pour échapper aux accusations judiciaires — protège, de fait, l’inculpé d’une réalité perçue comme dangereuse et destructrice.
Observation clinique, mais aussi réflexion sur notre rapport à la violence, cet ouvrage nous permet de mieux comprendre la pratique complexe du psychologue en prison et favorise un regard plus humain sur nombre de personnes incarcérées.
Illustration de couverture :
Regard sur le temps présent,
Saülo Mercader (huile sur toile, 1976)