Le 20 août 1857, Charles Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs » par le tribunal correctionnel de la Seine. En cause, prétendument inspirés par une imagination maladive, six poèmes des
Fleurs du Mal jugés très indécents, en raison de leur « réalisme grossier » et de « passages ou expressions obscènes ».
Malgré le soutien admiratif que des contemporains de renom — tels Flaubert, Hugo, ou Gautier — apporteront à Baudelaire, ces poèmes marqués du sceau du scandale resteront interdits de publication en France durant près d'un siècle. Il fallut le combat de plusieurs générations de lettrés pour faire annuler le jugement : suite à un arrêt de la Cour de cassation, la réhabilitation du grand poète n'interviendra qu'en 1949 !
En s'appuyant sur de nombreuses archives, mais aussi sur la correspondance, les articles de presse et les comptes rendus d'audience, Rémy Bijaoui nous plonge, dans cet ouvrage vivant et bien informé, au cœur de cette célèbre affaire qui demeurera comme un exemple de relativisme judiciaire en matière de censure.