Le 23 août 1944, alors que Paris n'est pas encore libéré, Sacha Guitry est arrêté à son domicile. Accusé d'intelligence avec l'ennemi, il sera emprisonné durant soixante jours. N'abdiquant pas son esprit étincelant en ces circonstances, il aura ce mot fameux : « La Libération ? J'en ai été le premier prévenu. »
Aboutissement de cinquante années de succès ininterrompus et de jalousies recuites, « l'affaire Guitry », quoique conclue par un non-lieu, restera pour le dramaturge une tache indélébile. Et, à quatre-vingts ans de distance, Guitry sent toujours le soufre.
En s'appuyant sur le fonds Sacha Guitry de la Bibliothèque nationale et sur le dossier de procédure, Rémy Bijaoui reconsidère tous les éléments de ce « procès » qui n'eut pas lieu, et mène l'enquête à charge et à décharge sur les fondements de l'inculpation de « collaboration » qui le vise, et que la mémoire collective a conservée.