Gustave Roussy (1874-1948), figure notoire de la médecine, notamment en cancérologie, demeure en fait une personnalité complexe et peu connue.
Naturalisé français, ce Suisse fortuné, héritier de la famille Nestlé, sera d’abord un neurologue réputé. Durant la Première Guerre mondiale, il traque les soldats traumatisés qu’il considère comme des simulateurs. Après le conflit, il s’engage dans la lutte contre le cancer. Homme de gauche, raillé toutefois pour son image de « milliardaire communisant », il devient recteur de l’Académie de Paris en 1937, et — critiqué tout à la fois par les résistants et les collaborateurs — reste à ce poste sous le régime de Vichy. En 1947, alors qu’il est au sommet de sa carrière, il est mêlé à une obscure affaire financière. Poursuivi par la justice, très affecté par le scandale, il met fin à ses jours en 1948.
S’appuyant sur une étude minutieuse des archives historiques, médicales et judiciaires, Laurent Tatu et Julien Bogousslavsky éclairent les multiples facettes d’un homme paradoxal qui, par ses recherches et son œuvre sociale, a marqué son siècle, comme en atteste l’Institut qui porte aujourd’hui son nom.